Mobilité: il n’y a pas que le boulot!

Lorsqu’on entend problèmes de mobilité, on pense aux trains bondés, autoroutes congestionnées, centres villes engorgés, bus trop rares ou pistes cyclables insuffisantes.

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En d’autres termes, on pense aux différents modes de transport et aux infrastructures associées qui sont toujours jugées sous-dimensionnées aux heures de pointe.

Mais la mobilité, ce sont d’abord des gens. Et la raison principale qui pousse les individus à se mouvoir n’est pas de se rendre au travail pour 8 heures le matin. Le plus souvent, c’est d’aller se faire un bon resto entre amis!

Les statistiques sont formelles: 40% des distances journalières moyennes parcourues le sont pour des motifs de loisirs. C’est aussi pour des buts de divertissement que l’on passe le plus de temps en mouvement: 43 minutes en moyenne contre 17 pour le travail ou 13 pour les achats, par personne et par jour. Certes, les déplacements de loisirs explosent le week-end. Mais en semaine, ils égalent quand même ceux pour des motifs professionnels.

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas uniquement pour faire le tour du lac à vélo ou randonner dans le Jura que les gens quittent leurs pénates. La majorité des déplacements de loisirs ont un but social: voir la famille ou des amis. Et pour cela, en voiture Simone!

L’analyse des statistiques lémaniques telles que celle réalisée à l’EPFL, montre qu’au cours des 10 dernières années, sous la contrainte des politiques de mobilité, les citadins ont majoritairement abandonné la voiture pour se rendre au travail. Mais quand il s’agit d’aller griller des saucisses, de visiter belle-maman ou d’aller au fitness, on opte pour le transport individuel. Ce qui explique par exemple que la bande d’arrêt d’urgence entre Ecublens et Morges soit ouverte au trafic quasiment en continu le samedi…

Derrière les kilomètres avalés, se cache encore le bilan énergétique. Il n’est pas suffisant de considérer les efforts accumulés au quotidien par une mobilité douce de proximité quand on sait que chaque résident suisse parcourt 5000 km en avion chaque année, soit plus d’un quart du total.

Une politique de mobilité globale ne peut faire l’économie de toutes les raisons qui déterminent les comportements ni de tous les paramètres qui entrent en ligne de compte. Négligée dans les plans cantonaux ou nationaux, la mobilité de loisirs est pourtant vouée à progresser à cause du vieillissement de la population, engendrant une baisse du nombre d’actifs, et d’une société de loisirs toujours plus présente.

Plus largement, la mobilité de loisirs doit aussi être inclue dans la politique d’aménagement du territoire et, au-delà, dans la politique de logement. L’effort de mixité logements-bureaux n’est plus le seul à poursuivre. Une réflexion sur un panachage logement-stade de foot-restaurants doit aussi être menée. Parallèlement, un report modal doit être envisagé aussi dans le domaine des loisirs. Il commence par exemple par une offre en transport public adaptée en dehors des heures de pointe et le week-end.

Source: Centre de transport